Les routes de la traduction sont les routes du pouvoir.
Barbara Cassin
« La langue de l’Europe ? », Po&sie (N° 160-161), p. 154-159.
Vous êtes en réunion, et votre interlocuteur se présente ainsi :
«Je m’appelle Jean-Baptiste du Courant d’Ehr de Ségur, Senior associate partner du cabinet de consulting Win-Wind. Notre intervention se fait dans le cadre de l’accord-cadre interministériel de la délégation interministérielle à la transformation publique (DITP), intitulé : Prestation d’assistance à la conception et à la mise en œuvre de projets de transformation de l’action publique. In short, on drive la task force sur les volets benchmarking, cadrage logistique et coordination opérationnelle. C’est on-ne-peut-plus clair.»
Compris ? Eh bien nous, bof. On aimerait bien une traduction !
On vous l’accorde, ce pastiche du langage fleuri de l’entreprise, brillamment écrit et interprété par l’humoriste Karim Duval , frise l’exagération au point de nous en faire perdre notre latin. Mais quand même, entre nous… sounds familiar, non ? Ne sommes-nous pas nombreux, dans nos open spaces, à avoir planifié des conf calls ou un one to one avec notre boss, manager ou n+1 pour discuter du ROI du nouveau plan com’ ou encore établir des process afin d’atteindre les objectifs SMART que l’on s’est fixés et combler les éventuels gaps ? L’irruption de l’anglais dans le langage de l’entreprise et de la vie quotidienne est monnaie courante, et les emprunts linguistiques sont un phénomène qui existe depuis bien avant la naissance de l’homo economicus. De la même manière, l’émergence du «franglish» comme novlangue dans les entreprises françaises n’est pas étrangère à l’émergence du «globish», cet anglais qui se revendique international et qui semble s’imposer au monde. Certes, on ne peut enlever au globish l’intérêt d’une approche décomplexée de l’apprentissage de l’anglais, qui pourrait en encourager plus d’un à se lancer dans cette entreprise et à se faire confiance. Mais on sent bien qu’il s’agit là, au mieux d’une étape vers un apprentissage et un usage plus perfectionné de la langue, au pire, d’un pis-aller de la communication, un «faute de mieux». Le globish, ce «dialecte» simplifié à l’extrême, qui fait du tort à l’anglais lui-même et «dont les principales œuvres sont les dossiers de demandes de subvention» comme l’affirme la philosophe et philologue Barbara Cassin, permettrait donc difficilement, par exemple, de rendre compte de la singularité d’une offre de services dans un contexte d’appel d’offres. Lorsque vous répondez à un appel d’offres, ce dont vous avez besoin, au-delà de répondre aux exigences purement formelles et administratives, c’est précisément de traduire ce qui différencie votre proposition des autres, non pas seulement pour vous démarquer de la concurrence, mais pour faire valoir ce qui représente dans votre offre un réel plus, technique ou autre, et établir des ponts avec le commanditaire, afin de faire converger, au moins un temps, vos visions et vos objectifs respectifs.
Choisir le globish comme lingua franca, c’est donc prendre des risques : le risque de privilégier les compétences linguistiques de certains collaborateurs par rapport aux compétences techniques des autres, pour gagner du temps ou faire des économies, le risque de formuler sa stratégie dans un langage simple et dépourvu de singularité et, parfois, contre toute attente, le risque de se mettre la justice à dos ! En effet, il est des usages de la langue en apparence anodins qui peuvent se retourner contre vous sans que vous ne voyiez rien venir. Une simple coquille peut parfois coûter cher. Vous travaillez, par exemple, dans le domaine de la grande distribution et vous venez de publier un article sur votre site Internet contenant le mot « caddie ». Eh bien, sachez que vous venez de commettre une fâcheuse maladresse, contre laquelle un traducteur ou correcteur averti vous mettrait tout de suite en garde, car le « Caddie » (ce chariot que l’on pousse quand on fait ses courses) s’écrit avec un «c» majuscule, sous peine d’encourir des poursuites judiciaires et de payer des dommages et intérêts exorbitants. Dur à croire, vous dites ? Posez la question à Libé, ils en ont fait les frais en 1997. 10 000 euros pour un « c » en bas de casse, ça fait cher le ticket de caisse !
Alors, si vous aussi vous voulez éviter des conséquences regrettables pour un usage inopportun dans une autre langue, suivez notre conseil et faites traduire par des natifs dont c’est le métier… La langue n’est pas neutre. Sa traduction est un enjeu de pouvoir.
Côté transition, l’année 2020 n’a pas été en reste. La pandémie de Covid-19, qui a bouleversé notre quotidien jusque dans nos sphères intimes, a été interprétée par beaucoup comme un énième signal d’alerte envoyé à l’homme, le pressant toujours plus vers la nécessité d’un changement ; le confinement qui a suivi, ce temps de pause obligé, a été pour certains l’occasion d’embrasser ce changement avec une conviction renouvelée, d’y réfléchir ou encore de se recentrer sur l’essentiel. De nombreuses entreprises ont abordé cette période de doute et d’incertitude, qui a mis leur agilité à rude épreuve, avec force créativité et innovation, quand elles n’en ont pas profité pour accélérer leur course vers la ou les transitions dans lesquelles elles s’étaient engagées : transition énergétique, transition écologique, transition numérique, etc. Au cours de son histoire, une organisation est vouée, pour faire face aux bouleversements de son temps, à se transformer, et cette transformation passe immanquablement par la formation du personnel.
Le CERI, l’organe de recherche de l’OCDE dans le domaine de l’enseignement et de l’apprentissage, avait publié en 2010 un rapport complet sur le nouveau visage de la formation au XXIe siècle, assorti d’un guide gratuit résumant son propos (Comment apprend-on?). Le rapport insiste sur le fait que l’apprentissage repose sur deux piliers fondamentaux, qui sont les émotions et la motivation. Outre l’environnement d’apprentissage et l’expérience vécue, qui influent sur les émotions et le ressenti des personnes en situation de formation, la langue qu’il convient de privilégier pour l’apprentissage est sans doute la langue dont l’apprenant maîtrise le mieux les nuances, à savoir sa langue maternelle ou «sa langue de cœur ». Quant au deuxième pilier, la motivation, il « assure que les apprenants acquièrent connaissances et compétences de manière pertinente », et une formation de qualité se doit de réunir plusieurs conditions pour en garantir la solidité. Si une entreprise souhaite augmenter le taux de réussite et l’impact des formations qu’elle propose à ses employés, elle devra par conséquent faire attention à un certain nombre de questions essentielles, telles que l’accessibilité et la lisibilité des ressources octroyées à l’apprenant, et la formulation claire des objectifs d’apprentissage. Face à ces prérequis, la traduction des contenus et des supports de formation et la localisation des environnements d’apprentissage tels que les plateformes de formation en ligne sont assurément des alliées à ne pas négliger en période de transition, d’autant qu’elles favorisent la mise en œuvre de votre politique d’inclusion.
Si, comme le dit Barbara Cassin, « les routes de la traduction sont les routes du pouvoir », elle précise également que la traduction est un « savoir-faire avec les différences ». Plus qu’un prestataire, c’est un véritable allié aguerri aux techniques de traduction qu’il vous faut, un partenaire de confiance capable de mobiliser son réseau de professionnels rapidement et de choisir les personnes qui sauront adapter vos contenus avec agilité, leur donnant la même résonance dans leur langue d’arrivée que dans leur langue de d’origine, et ce, quel que soit le support ou le format choisis. Depuis quelques années, avec l’évolution des usages sur les réseaux sociaux et l’arrivée sur le marché de la téléphonie de dispositifs dotés de caméras HD et de logiciels de montage intégrés à la portée d’un public non-initié, le format vidéo prend une part de plus en plus importante dans la communication d’entreprise, que ce soit en interne ou en externe. Une tendance que la pandémie a accentuée avec la nécessité de répondre présent tout en restant à distance. Le sous-titrage, l’adaptation et le doublage se sont donc souvent imposés comme la solution face à ce besoin de transmission, pour lequel il convient de s’appuyer sur des compétences et un savoir-faire différents de ceux de la traduction textuelle. Or peu de prestataires de services multilingues possèdent réellement les deux casquettes. Le passage de l’écrit à l’écran induit de telles différences dans le traitement des contenus que tous les prestataires n’ont pas la capacité de répondre à vos attentes sur les trois points indispensables que sont les délais, la technique et la connaissance client. Lorsque vous souhaitez faire sous-titrer vos vidéos institutionnelles et mener à bien ces projets multilingues innovants, vous devez pouvoir compter sur des équipes connectées, capables de mobiliser leurs ressources en peu de temps et qui ont établi des protocoles répondant précisément aux besoins de ces projets. De même, il faut savoir que les équipes de ces « happy fews » ne sont pas uniquement composées de traducteurs. La richesse de leur chaîne d’approvisionnement repose avant tout sur des compétences diverses et une ingénierie linguistique orientée service, ou «as-a-service» pour les intimes. Ainsi, seuls les prestataires répondant à ces critères seront capables de vous garantir en temps voulu des livrables d’une qualité et d’une lisibilité optimales, pour le plus grand confort de vos utilisateurs finaux. En ces temps de transition, votre meilleur allié linguistique est celui qui saura vous accompagner dans vos projets de bout en bout. Vous pourrez vous reposer sur ses équipes pour transcrire vos messages et vous concentrer sur votre cœur de métier.